CHAPITRE IX

 

Les hommes de la garnison doivent trouver le spectacle hallucinant. Tout le sommet de Trevar, subitement transformé en masse gluante et en perpétuel mouvement qui s’écoule, semblable à un épais sirop par les escaliers, les bouches d’aération et la cage des ascenseurs.

En tout cas, le tir des batteries cesse brusquement. Cela signifie que les miliciens, pris de panique, ont abandonné leurs postes pour fuir vers les niveaux inférieurs.

Seul, Val Straeten doit comprendre ce qui se passe. Je peux supprimer le champ de force qui enveloppe le patrouilleur, puis le faire descendre le long des murailles, pareil à un énorme insecte bourdonnant du ronflement de ses machines.

Rezy, qui a tout vu sur les écrans de visibilité extérieure, a pâli affreusement et elle murmure d’une voix blanche :

— On dirait la fin du monde.

C’est un peu ça. Moi aussi, je suis terriblement impressionné comme Suana, d’ailleurs. Suana sur laquelle je me tourne.

— Comment se fait-il que tout ce qui a été touché par le rayon paraisse fondre et s’écoule comme un liquide. Ce n’est pas ce qui s’est passé lors de l’expérience qu’a faite votre père.

— Je ne comprends pas non plus.

— Le corps du badrak était resté relativement compact. Je pensais que les masses moléculaires resteraient plus ou moins soudées de façon à pouvoir, par la suite, retrouver leur équilibre.

— Mon père le pensait également, mais ici, il y a sans doute une question de poids qui doit jouer, de position aussi. De plus, il y a trop de masses en présence. Des masses qui sont presque toutes de natures différentes.

— Qui vont se mélanger. Qui sont en train de se mélanger.

— Fatalement.

— Et cela leur enlève pratiquement toute possibilité de retrouver un jour leur équilibre naturel.

— En ce qui concerne la forteresse certainement car c’est une construction artificielle. Jamais ses éléments ne retrouveront leur forme initiale.

— Que deviendront-ils ?

Suana a un geste d’impuissance.

— Il s’établira de nouveaux équilibres.

— Qui donneront naissance à des matières imprévisibles, peut-être vivantes et douées d’intelligence si des hommes ont été frappés en même temps qu’elles.

— Je le crains.

Un nouvel équilibre en partant de molécules d’êtres vivants ne peut donner que des monstres. En ce qui concerne la matière, c’est moins grave, sauf s’il y avait combinaison, comme je viens de le suggérer, mais, pour le moment, ni Suana, ni même son père ne peuvent préjuger.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas mon problème et comme le patrouilleur atteint le second niveau, j’essaye le rayon de dispersion sur le prétane en réduisant son champ de percée à seulement quelques mètres.

Le prétane qui résiste aux désintégrateurs les plus puissants se dissocie immédiatement sous l’effet du rayon de Straeten et, bientôt, j’ai devant moi, non pas un trou, mais une masse molle en effervescence que je vais devoir repousser pour passer.

Straeten m’a dit que c’était sans danger, mais, que la sensation serait effroyable. Je m’attends donc au pire car je n’ai pas le choix si je veux préserver la garnison et les prisonniers terriens qui se trouvent à l’intérieur.

Les préserver ou leur donner une ultime chance. Je vérifie toutes mes armes, puis j’annonce à Saurat :

— Je vais sortir du patrouilleur à l’abri du champ de force que tu vas rétablir et que tu couperas lorsque je me trouverai en face de ce… passage.

Les mots me manquent pour désigner ce bizarre magma, mais Saurat a compris et c’est le principal. Je prends un casque car j’ai l’impression qu’il vaut mieux que mon visage ne soit pas en contact avec cette masse innommable.

J’imagine aussi que, à l’aube de tous les temps, ce que nous appelons l’Univers devait être constitué par une monstrueuse association de ce genre. Un effarant mélange de toutes les molécules possibles qui cherchaient désespérément à se rejoindre et à s’équilibrer.

Que d’expériences et que d’essais cette prodigieuse nature, dont nous faisons partie a dû tenter avant d’arriver aux mondes que nous connaissons.

Et que Val Straeten va peut-être remettre en question à l’échelle de toutes les galaxies en même temps.

Ramassant mon casque, je me dirige vers le sas de sortie. Je ne suis qu’à moitié rassuré.

— Je vous accompagne, me dit soudain Suana.

— Non. Il ne vaut mieux pas. A l’intérieur, nous pouvons tomber sur des miliciens…, et il vaut mieux que je sois seul. Je serai plus libre de mes mouvements.

 

Saurat attend mon signal pour couper le champ de force. Je viens de baisser la visière de mon casque et je me tiens en suspension dans l’air grâce à mon compensateur de gravité.

Je lève le bras. Le sourd bourdonnement qui m’enveloppait cesse brusquement, m’indiquant que c’est le moment. D’une détente des jarrets contre la carlingue du patrouilleur, je me propulse en avant et je plonge dans le magma.

Un froid glacial me saisit. Durant quelques secondes, j’ai l’impression de me débattre au milieu d’une boule de gélatine, puis ce qui me retenait cède brutalement.

Comme si la masse se désagrégeait. Elle s’écoule de toutes parts et je me retrouve à l’intérieur d’une des cellules du deuxième niveau. Personne dans cette cellule.

Je dégaine mon fulgurant et mon pistolet thermique, puis je m’approche de la porte donnant sur le couloir. D’abord, je colle mon oreille contre le panneau.

Aucun bruit. Je me risque à ouvrir. Le couloir est désert et toute la forteresse silencieuse. Affolée, la garnison a dû se réfugier dans les niveaux souterrains où elle se croit plus en sécurité.

J’espère que, dans sa fuite, elle a oublié Val Straeten. Je m’oriente. Le laboratoire du professeur doit se trouver au fond du couloir qui s’amorce sur ma droite. J’y vais.

Après quelques mètres, je me trouve en face d’un escalier dont les dernières marches sont recouvertes d’une sorte d’écume.

C’est la matière en dispersion qui a coulé jusqu’ici et j’imagine que c’est cette coulée qui a chassé les hommes de la garnison. Oui, seulement, ce genre de terreur ne dure généralement pas très longtemps et je presse le pas.

Voilà la porte du petit salon qui précède le laboratoire et dans lequel Suana m’a reçu lors de ma première visite à son père.

— Professeur, êtes-vous là ?

Pas de réponse. Les Wolnars ont dû l’emmener. Je traverse le salon et je pousse la porte du laboratoire. Tout y a été détruit, saccage, les tables, les étagères, les appareils. Je ne comprends pas.

On dirait qu’un véritable raz de marée a ravagé le laboratoire et, soudain, je frissonne. Dans un coin, j’aperçois le professeur…, ou ce qui en reste. Un corps inerte.

Sur lequel on s’est acharné.

Miraculeusement, le visage est resté intact, mais le reste, lardé de coups de couteaux ou de sabres, est dans un état épouvantable.

Ce sont sans doute les hommes de la garnison, pris de folie en comprenant que son rayon était responsable du désastre qui les frappait tous.

Pour lui, il n’y a plus rien à faire et, en un sens, il vaut mieux que Suana ne voie pas ce tableau. Oui, mais je ne peux pas laisser son cadavre ainsi. A la merci de ce qui va envahir la forteresse depuis la jungle à la tombée de la nuit.

Avec un soupir, je décroche de ma ceinture mon tube désintégrateur.

 

Un bruit de pas dans le couloir. Pas un bruit furtif, toute une escouade est en train de patrouiller dans le second niveau. Je tiens mes armes prêtes.

Des exclamations, maintenant. Les Wolnars ont dû arriver dans la cellule dont un des murs a été enfoncé par le rayon de dispersion. Est-ce que Saurait va ouvrir le feu contre eux ?

Je branche mon émetteur-récepteur,

— Starel pour Saurat.

— Saurat à l’écoute.

— Je suis juste à l’angle de la forteresse, sur ta gauche…, et pour moi le couloir est bloqué.

— J’arrive.

— Ouvre une nouvelle brèche dans la muraille avec le rayon réglé sur une intensité de moins d’un mètre, puis avertis-moi lorsque tu auras stoppé l’émission.

— Entendu.

Tout en parlant, je suis retourné dans le salon qui précède le laboratoire et je guette le couloir par la porte restée entrebâillée… Est-ce que les Wolnars m’ont entendu lorsque j’ai appelé le patrouilleur ?

Oui. On dirait. Je les vois soudain apparaître. Ils avancent prudemment, courbés en deux. Je balaye le couloir d’un jet thermique. Du coup, les Wolnars refluent, enfin ceux qui n’ont pas été touchés.

Un temps…, puis je suis obligé de bondir rapidement sur le côté car une partie de la muraille du salon, face au couloir, vient de se désintégrer.

Par l’ouverture ainsi créée, j’arrose une nouvelle fois le couloir avec mon jet thermique. Quelques cris répondent à mon action. Les Wolnars se montrent prudents car ils ne savent pas à combien d’adversaires ils ont affaire. Ils se montrent prudents, mais, de toute façon, je ne pourrai pas tenir longtemps et je suis soulagé lorsque j’entends la voix de Saurait.

— Rayon stoppé, capitaine.

Je bondis dans le laboratoire où le mur tourné vers la jungle comporte une sorte de mouvance livide dans laquelle je plonge sans hésiter, la tête la première, en lançant mon compensateur de gravité.

Froid glacial, sirop épais, gélatine dans laquelle je me débats et, brusquement, l’air libre. Avec dans tout le corps une atroce impression d’abîme et de ténèbres…, d’enfer.

Le temps de relever la tête et j’aperçois le patrouilleur vers lequel je m’élance en actionnant mes rétrofusées dorsales. Le champ de force me repousse, mais il est immédiatement coupé et je passe.

Le sas, maintenant. Je m’y engouffre. Sauvé ! De quoi ? Ce n’est pas aux Wolnars que je pense quand je m’estime sauvé. J’enlève mon casque et je respire profondément.

— Et mon père ?

Suana me rejoint. Elle a vu sur les écrans de visibilité que je rentrais seul et, devant mon visage grave, elle demande d’une voix anxieuse :

— Vous ne l’avez pas retrouvé ?

— Si.

Ses yeux s’exorbitent légèrement.

— Il est mort ?

— Oui. Les Wolnars l’ont tué. Probablement les hommes de la garnison ou les serviteurs. Quand ils ont compris que c’était son rayon qui venait de décapiter la forteresse.

Je dois la soutenir et je garde mon bras passé autour de ses épaules en me dirigeant avec elle vers l’échelle de fer qui relie le sas au poste de commandement.

 

L’horizon s’empourpre. Bientôt, le jour va se lever et pour nous le temps presse. Saurat a relancé le patrouilleur et il a déjà pris de l’altitude.

Valek se trouve dans la tourelle de tir à l’affût des méduses volantes, mais, pour le moment, il n’y en a pas dans le ciel.

Notre mission est accomplie. Plus rien ne nous retient sur Kalium car nous ne pouvons plus rien pour les prisonniers restés dans la forteresse. Nous devons les abandonner à leur sort.

Je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais agir autrement prendrait pour nous des allures de suicide et j’ai pour devoir impérieux de ramener sur terre O l’invention de Val Straeten.

Dans le ciel, s’il n’y a pas de méduses volantes, nous découvrons soudain des badraks. Une énorme concentration. Plus d’un millier d’oiseaux-tortues qui nous enveloppent brusquement.

Valek ouvre le feu au canon thermique et au désintégrateur. De toute façon, les badraks ne nous mettent pas en danger et je vais donner l’ordre de nous arracher à l’attraction de la planète lorsque les détecteurs du bord nous signalent qu’une flotte importante vient d’émerger du subespace.

La flotte de relève. Elle nous prend de vitesse. Nous sommes coincés. Plus question pour nous de quitter Kalium immédiatement.

— Cap sur cap…, direction, la jungle.

Le patrouilleur plonge et le sol se rapproche rapidement.

— Ne descendez pas au-dessous de cent mètres et prenez la direction du sud.

Nous devons nous éloigner le plus rapidement possible de la zone où se dresse la forteresse et même éventuellement chercher un refuge sur un autre continent. Je sais que Kalium en compte trois : un au nord et un au sud de celui sur lequel nous nous trouvons qui s’étend à l’équateur.

Suana a préféré s’isoler et elle s’est retirée dans une des cabines. Par contre, Rezy est restée à côté de moi dans le poste de commandement.

— Vitesse de pointe.

Cela va consommer énormément d’énergie et je vérifie les réserves du bord. Elles ne sont pas très importantes et je fais la moue en me tournant sur la fille de l’ancien gouverneur Andros.

— Connaissez-vous la loubiane ?

— Naturellement, c’est moi qui ai dit à Gordil…

— Je sais, mais je voudrais savoir s’il est vrai que ces fleurs se referment toutes à l’aube ?

— Oui.

— Comment pouvez-vous en être certaine ?

— Nos savants ont longuement étudié leur comportement au téléobjectif.

— Donc, si nous ne parvenons pas à gagner un autre continent, nous pourrons toujours nous réfugier et nous cacher dans les forêts. Je préférerais tout de même ne pas devoir le faire.

Normalement, nous disposons au moins d’une heure avant que la flotte pénètre dans l’atmosphère de la planète. Pour le moment, elle doit se trouver en orbite et l’amiral qui la commande tente sans doute d’établir une liaison-radio avec Trevar.

Le tout est de savoir s’il l’obtiendra et comment il réagira s’il ne reçoit aucune réponse.

A tout hasard, j’ai laissé tous les détecteurs du patrouilleur en action et ils fouillent continuellement le ciel. En dessous de nous défile la forêt.

Un enchevêtrement de troncs, de lianes et de frondaison, coupé çà et là par de vastes clairières qui me semblent artificielles et au milieu desquelles j’aperçois de vastes animaux qui ne ressemblent à rien de ce que je connais.

Ils ont vingt mètres de haut, une petite tête plate, emmanchée sur un long cou flexible de reptile, de grosses écailles et des pattes très courtes sur lesquelles ils se déplacent avec une lenteur presque anormale.

— Des tétradons, m’explique Rezy. C’est le nom que nos savants leur ont donné. Ce sont des herbivores d’un genre très particulier. Ces clairières, ce sont eux qui les creusent dans la végétation car ils dévorent les arbres.

Saurat, qui se tient devant un des écrans de visibilité, remarque :

— Si j’en juge par les ravages qu’ils font, ils finiront par détruire toute la forêt.

— Non, répond Rezy. Non, car dès qu’ils ont dégagé un certain espace, ils deviennent des proies faciles pour les badraks.

De l’autodestruction en chaîne. Au fond, c’est la grande loi de la nature et, chaque fois que l’homme a voulu interrompre ce cycle, les plus grandes calamités se sont abattues sur lui.

 

— La flotte de relève.

Saurat me signale son apparition dans le ciel beaucoup plus vite que je l’escomptais. L’amiral a dû prendre sa décision en s’apercevant que ses détecteurs continuaient à lui signaler une concentration humaine dans la forteresse alors qu’elle restait silencieuse.

Mauvais pour nous. Je branche un écran de visibilité à longue distance. Il s’agit bien de la flotte annoncée par Rezy. Je dénombre les onze transports escortés de cinq avisos.

Ils nous ont certainement déjà repérés. Oui. Deux des avisos quittent subitement l’escadre pour foncer dans notre direction.

— Peut-on augmenter la vitesse ? demande Saurat.

— A quoi bon ? De toute façon, la vitesse de croisière des avisos est trois ou quatre fois plus grande que la nôtre.

Je fais la moue.

— Ce n’est pas en fuyant que nous pouvons espérer leur échapper, mais en manœuvrant de façon à pouvoir utiliser le rayon de Straeter.

Saurat hoche la tête.

— C’est un banco.

— La fuite aussi et elle ne résoudrait rien.

Prenant le micro, j’ordonne à la chambre des machines :

— Réduisez progressivement la vitesse en prenant de l’altitude et en amorçant un vaste virage qui nous placera face à l’ennemi.

— Dès que nous serons à portée, les avisos lanceront contre nous leurs torpilles d’accrochage.

— Nous les neutraliserons à l’aide du champ de force.

— Ils ne nous lâcheront pas pour autant.

— D’accord, mais nous pourrons toujours détruire ces torpilles une à une par la suite.

Esquissant un sourire, j’ajoute :

— Si nous nous sommes débarrassés des avisos, bien entendu.

En vitesse de croisière, les avisos sont beaucoup plus rapides, mais les patrouilleurs ont des accélérations plus soudaines et plus brutales. De plus, ils sont infiniment plus maniables, ça peut nous donner une chance.

Nous avons viré et, maintenant, nous faisons face aux vaisseaux wolnars dont les commandants de bord, déroutés par notre manœuvre, ralentissent légèrement. Je me hisse dans la tourelle de tir et je règle le viseur du rayon de dispersion.

C’est la seconde fois que je vais m’en servir et une sourde angoisse me mord le ventre. Distance : 10 700 mètres. Je crie à Saurat :

— Fais accélérer. Il faut encore que nous gagnions mille mètres en altitude par rapport aux avisos.

Un temps, puis le patrouilleur fait un véritable bond dans le ciel. Cette fois, nous sommes en position.

— Droit sur l’objectif. Vitesse maximale.

Notre démarrage est foudroyant. Les parois du patrouilleur se mettent à vibrer dangereusement. 7 000 mètres au viseur… 6 500… 6 000… 5 000… 4 800… J’ai le premier aviso en point de mire et j’abaisse la détente.

Un éclair… Frappé de plein fouet, le vaisseau est comme stoppé pendant qu’une large tache noire se dessine sur sa coque, mais l’autre lâche contre nous six torpilles d’accrochage.

— Quart de tour à droite.

Le patrouilleur pivote. J’ai le second aviso dans ma lunette de visée et un nouvel éclair va le rejoindre pendant que Saurat hurle :

— Champ de force.

Il était moins une. La torpille de pointe allait nous rejoindre. Renvoyée par l’écran magnétique, elle n’explose pas et se met à tourner autour de nous avec les cinq autres.

Aucune importance pour le moment. Au loin, les avisos sont frappés à mort, le premier tangue terriblement et le second, qui se trouvait beaucoup plus près lorsque j’ai tiré, a été littéralement coupé en deux.

Ses éléments se dispersent et des hommes sautent, soutenus par leurs compensateurs de gravité. Ils sautent, mais presque tout de suite ils sont entourés par un vol de badraks et c’est la curée.

Nous ne pouvons rien pour eux.

 

Ce sont les badraks qui nous débarrassent des torpilles d’accrochage en s’y attaquant furieusement au moment où nous venons survoler les points de chute des avisos pour voir s’il n’y a pas de survivants.

Non, malheureusement. Les deux appareils se sont écrasés dans la forêt et le premier a explosé en touchant le sol, ce qui n’a laissé de chance à personne.

Le second, celui que le rayon a coupé en deux, n’a pas subi le même sort, mais pas un membre de l’équipage n’a survécu, ceux que le choc avait épargnés ont été dévorés par les badraks ou par les grands reptiles du sol.

Je suis redescendu dans le poste de commandement pendant que Valek me remplace dans la tourelle de tir.

— Qu’est-ce que nous attendons ? S’étonne Saurat. Les avisos ont certainement signalé que nous nous retournions contre eux… et l’amiral va envoyer des renforts…

— Ça m’étonnerait… Il vient de perdre deux avisos sur trois, et Laskos a dû lui parler du rayon de Straeten. A mon avis, il va se montrer extrêmement prudent, désormais.

Nous survolons le point de chute du second vaisseau et j’ordonne à la chambre des machines :

— Nous nous posons. Le plus près possible des débris.

— Qu’espérez-vous ? me demande Saurat. Il n’y a certainement pas de survivants.

— Je voudrais récupérer les piles atomiques de l’aviso. Elles n’ont pas dû trop souffrir du choc car elles sont protégées par un épais caisson de plomb. Dès que nous serons à terre, je sortirai avec Gordil et le robot de combat pendant que tu nous couvriras avec Valek.

Les piles atomiques ! Bien sûr, elles sont intactes, à condition que le rayon ne les ait pas touchées. Non. Avant même que nous nous soyons posés, je repère le grand caisson carré qui les contient.

Une aubaine pour nous. Cela résout la question d’énergie et, pour le moment, c’est la plus importante.